Les personnes multipotentielles, hypersensibles, avec un trouble de l’attention (TDA/H), un haut potentiel intellectuel (HPI), un haut potentiel émotionnel (HPE) ont un point commun : elles utilisent l’intuition comme fonction psychologique jungienne.
Dans cet article, j’explique les liens que j’ai observé entre les neuro-atypies et les profils psychologiques jungiens. Je montre d’où viennent les spécificités des atypiques et comment ils peuvent faire de ces spécificités une force.
Sommaire
- Les liens entre profils atypiques et types psychologiques jungiens
- La fonction psychologique de l’intuition et les profils neuro-atypiques
- La fonction inférieure et les « désagréments »
- L’intuition et les « différences »
- Le sentiment de décalage
- Comment faire de ses spécificités atypiques une force ?
1. Les liens entre profils atypiques et types psychologiques jungiens
Dans le cadre de mes accompagnements, je suis amenée à coacher des profils neuro-atypiques. Ce sont des personnes qui peuvent être hypersensibles, avoir un trouble de l’attention (TDA/H), un haut potentiel intellectuel (HPI) ou un haut potentiel émotionnel (HPE). Ces personnes sont aussi multipotentielles, c’est-à-dire qu’elles ont de nombreux centres d’intérêts et exercent différentes activités.
Ces personnes atypiques viennent à moi parce que j’ai aussi un profil atypique. Elles parlent souvent de synchronicités quand elles me découvrent parce qu’elles se sentent enfin comprises. J’ai donc pu observer et découvrir le profil psychologique de ces personnes atypiques. J’ai aisément pu faire des liens entre le profil psychologique jungien et les neuro-atypies.
Je me suis aperçue que les personnes atypiques utilisent la fonction psychologique jungienne de l’intuition comme fonction principale ou auxiliaire. Selon mes observations, les personnes atypiques sont généralement des types intuitifs introvertis ou des types intuitifs extravertis. Il peut également y avoir des profils atypiques qui utilisent la fonction psychologique de l’intuition comme fonction auxiliaire.
2. La fonction psychologique de l’intuition et les profils neuro-atypiques
L’intuition selon Carl Gustav Jung est une fonction de perception qui permet de percevoir ce qu’il se passe. Les contenus psychiques de l’intuition sont des données qui dépendent du hasard. L’intuition est la fonction psychologique qui transmet la perception par la voie inconsciente. Les objets externes et les objets internes mais aussi les rapports entre eux sont perçus de manière inconsciente.
L’intuition est une sorte d’appréhension instinctive de données. Elle cherche à saisir les possibilités, elle conçoit les éventualités, les potentialités. Elle a la capacité d’appréhender ce qui n’est pas encore visible, les virtualités à l’arrière-plan d’une situation. Le type intuitif agit selon des possibilités ou des visions.
Les types intuitifs ont une vision holistique, c’est-à-dire qu’ils parviennent à voir tout en même temps. Ils arrivent à se faire une idée d’ensemble d’une situation et même à déceler ce qui ne se voit pas encore. L’intuition se manifeste chez les types intuitifs par un cerveau bouillonnant. Ils ont l’impression que leur cerveau tourne à 1000 à l’heure, constamment, jour et nuit.
Les types intuitifs sont dans leur tête, dans leur imagination, dans les idées. Ils sont souvent déconnectés de leur corps. Ils sont constamment dans le futur à imaginer les possibles. Ils ont une bonne capacité d’abstraction et sont généralement rapide d’esprit. Ils sont curieux, créatifs, insatiables. Ils aiment la nouveauté et ont tendance à s’ennuyer rapidement.
3. La fonction inférieure et les « désagréments »
J’explique certaines spécificités des neuro-atypiques grâce à l’action de la fonction inférieure sur le profil psychologique de la personne. Étant donné que l’intuition est soit introvertie, soit extravertie, l’action de la fonction inférieure est différente en fonction du profil psychologique. La fonction inférieure de l’intuition introvertie ou de l’intuition extravertie engendre ce que j’appelle des « désagréments ».
La fonction inférieure de l’intuition introvertie est la sensation extravertie. Le type intuition introvertie a tendance à absorber les stimuli extérieurs qui viennent de la sensation extravertie, ce qui peut engendrer une hypersensibilité. Le type intuition introvertie a tendance à être aussi hyper-empathique. Il peut également développer un TDA/H en raison de son intuition qui génère un flot continuel de pensées.
La fonction inférieure de l’intuition extravertie est la sensation introvertie. Le type intuition extravertie peut avoir des difficultés à se concentrer sur les détails ou à s’engager dans une routine quotidienne. Il a tendance à se disperser et peut avoir du mal à terminer ce qu’il a commencé. Il développe souvent un TDA/H du fait du foisonnement de ses idées et de son attrait constant pour la nouveauté.
4. L’intuition et les « différences »
L’intuition confère perspicacité et subtilité dans l’analyse de l’environnement, ce qui peut provoquer des « différences » chez les profils intuitifs. La capacité d’abstraction, la curiosité illimitée, la rapidité d’esprit, la vision holistique des types intuitifs peut engendrer une multipotentialité et une intelligence supérieure à la moyenne.
Les types intuitifs sont susceptibles d’avoir un haut potentiel intellectuel (HPI). Les intuitifs introvertis qui utilisent le sentiment extraverti comme fonction auxiliaire sont souvent hyper-empathiques et ils sont susceptibles d’avoir un haut potentiel émotionnel (HPE). Les types intuitifs sont également des multipotentiels en raison de leur curiosité et de leurs intérêts divers.
Les personnes au profil intuitif se sentent souvent en décalage en raison de ces « désagréments » ou de ces « différences ». C’est, selon moi, ces spécificités de l’intuition qui permettent de faire le lien avec les atypies : l’hypersensibilité, le TDA/H, le HPI, le HPE et la multipotentialité.
5. Le sentiment de décalage
Les personnes neuro-atypiques ne parviennent généralement pas à adhérer aux récits collectifs, qu’ils soient familiaux ou sociétaux. Au travail, les atypiques ont souvent du mal à s’identifier au récit de leur employeur et ils ont généralement aussi des difficultés à s’identifier à leur fonction.
Souvent ces profils atypiques se sentent en décalage par rapport leur entourage personnel et professionnel. Ils peuvent se sentir inadaptés à la société et ils cherchent fréquemment leur place dans une société qui ne les comprend pas réellement. Les atypiques utilisent une fonction psychologique qui n’est pas valorisée par la société.
La société favorise, en effet, la pensée extravertie, c’est-à-dire la rationalité et la science. Alors que les neuro-atypiques utilisent l’intuition qui est une fonction irrationnelle. Les types intuitifs sentent les choses souvent sans pouvoir expliquer d’où cela vient. C’est leur inconscient qui travaille sans qu’ils ne s’en rendent compte. Ils voient ce que les autres ne voient pas, ils arrivent à détecter les disfonctionnements et ils ont un esprit innovant et visionnaire. Quand ils expriment leurs idées, ils sont fréquemment incompris.
La société favorise également la sensation extravertie, c’est-à-dire la consommation et le divertissement. Les profils intuitifs ont eux besoin de sens et généralement aussi de profondeur. Ils ne peuvent se contenter de cette société de consommation, ils ont besoin de trouver du sens et d’améliorer la société en apportant leur contribution au monde.
6. Comment faire de ses spécificités atypiques une force ?
Les « désagréments » de ces personnes neuro-atypiques ne sont pas une fatalité, ils peuvent au contraire devenir un atout. En faisant le lien entre les profils atypiques et les profils psychologiques jungiens, il est possible de transformer ces spécificités en force.
La connaissance de son type psychologique permet de comprendre son fonctionnement atypique et son décalage. Il explique aussi les « désagréments » et les « différences ». En comprenant la dynamique de ses fonctions psychologiques, on peut développer sa personnalité.
La fonction inférieure, c’est l’ombre de la personnalité. C’est notre point faible, notre faille. Mais elle constitue aussi la clé de notre développement et de notre épanouissement. Quand on prend conscience de ses fonctions inconscientes, on élargit la conscience de soi. Quand on intègre ses fonctions inconscientes, on rééquilibre sa personnalité et on développe une nouvelle attitude face à la vie.
En intégrant ses fonctions inconscientes, les « désagréments » atypiques disparaissent. Ils deviennent même une force. Quand on parvient à canaliser le foisonnement de ses pensées, les idées sont claires, créatives et peuvent être visionnaires et innovantes. La sensibilité équilibrée est un atout indéniable dans de nombreux métiers.
Une bonne connaissance de soi permet également de créer une activité professionnelle alignée à son profil atypique. Elle donne des clés pour donner du sens à sa vie, apporter sa contribution au monde et pour vivre une vie épanouie.
Sources de l’article
- C. G. Jung, Types psychologiques, Georg Editeur S.A., Genève, 1993
- Marie-Louise von Franz, Psychothérapie. L’expérience du praticien, Éditions Devry, 2014
- Isabel Briggs Myers et Peter B. Myers, Comprendre les types de personnalité avec la typologie MYERS-BRIGGS, Les Éditions de l’Homme, 2015
- Béatrice Millêtre, Le livre des vrais surdoués, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2017
- Carlos Tinoco, Sandrine Gianola, Philippe Blasco, Les « surdoués » et les autres. Penser l’écart, Éditions Jean-Claude Lattès, 2018
- Myriam Ogier, Multipotentiels atypiques. Visionnaires, intutifs, créatifs : les pépites de demain, Éditions Eyrolles, 2021
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